Il y a des villes qui ont un rayonnement historique bien plus important que leur influence actuelle. Avignon en est l’exemple parfait. Ancienne capitale de la chrétienté entre le XIIIe et le XVe siècle, cette ville emblématique du sud de la France était redevenue une paisible ville de province avant que le festival d’Avignon ne lui redonne un second souffle.
Avignon, de la préhistoire à l’arrivée des Papes
Les fouilles archéologiques menées dans les années 1960 ont révélé des traces d’occupation humaine dès l’Âge du cuivre autour du célèbre Rocher des Doms, un site incontournable pour visiter Avignon. Une sculpture typique des stèles funéraires de cette époque y fut découverte, témoignant des premières implantations humaines. Elle a été appelée le premier Avignonnais et est exposée au musée Calvet.
Les Phocéens de Massalia (Marseille) fondèrent Avenio, nom antique d’Avignon, en 539 av. J.-C. Le géographe grec Artémidore d’Éphèse mentionne Avignon comme une cité massaliote proche du Rhône, et les premières structures urbaines se sont organisées autour du Rocher des Doms. Devenue colonie romaine en 121 ap. J.-C., Avignon s’agrandit et voit son centre administratif, le forum, s’établir à l’emplacement de l’actuel Hôtel de Ville. Encore aujourd’hui, des vestiges romains sont visibles derrière l’imposant Palais des Papes.
Avec le développement du christianisme, une première communauté chrétienne s’installe au IIIe siècle à l’extérieur de la ville, sur le site de l’actuelle Abbaye Saint-Ruf. La christianisation progressive d’Avignon est attestée par la présence de Nextarius, premier évêque de la ville, qui participe au concile de Riez en 439.
L’arrivée des Papes et l’âge d’or de la ville
Au XIIIe siècle, après la division de l’Empire carolingien, la ville devient possession des comtes de Provence. En 1290, la ville est cédée à Charles II d’Anjou.
L’histoire bascule en 1305 avec l’élection du pape Bertrand de Got, sous le nom de Clément V, qui choisit Avignon pour s’installer temporairement en 1309. Ce choix est dicté par la tenue d’un concile important à Vienne, destiné à juger l’ordre des Templiers. Il établit la résidence papale en Avignon, alors sous l’autorité du Comte de Provence.
Mais c’est sous Jean XXII, ancien archevêque d’Avignon, que la ville devient officiellement capitale de la papauté. Ce dernier aménage le palais épiscopal. Benoît XII ordonne ensuite la construction du Palais Vieux, tandis que Clément VI agrandit l’ensemble avec le Palais Neuf. On les surnomme les Papes Bâtisseurs. Ce dernier enrichit également la ville avec des bâtiments prestigieux et accueille de nombreux artistes et intellectuels, faisant d’Avignon un centre culturel rayonnant.
Innocent VI fait ériger les remparts d’Avignon, toujours visibles aujourd’hui et parmi les mieux conservés d’Europe.
Le Palais des Papes est aujourd’hui classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est l’un des monuments les plus visités en France et un incontournable lorsqu’on souhaite découvrir Avignon.
Du Grand Schisme à la Révolution : entre crises et prospérité
Le Grand Schisme et les deux antipapes d’Avignon
Après le départ définitif de la papauté pour Rome en 1376, Avignon ne retrouva jamais son statut de capitale de la chrétienté. Cependant, la ville fut malgré elle au centre de l’un des plus grands conflits religieux du Moyen Âge : le Grand Schisme d’Occident (1378-1417).
En 1378, à la mort du pape Grégoire XI, un nouveau pape, Urbain VI, est élu à Rome. Toutefois, une partie des cardinaux, principalement français, refuse cette élection sous prétexte qu’elle aurait été faite sous la pression du peuple romain. En réponse, ces cardinaux élisent un second pape à Avignon : Clément VII (Robert de Genève), qui s’installe dans le Palais des Papes en 1379. Ainsi commence le schisme qui divise la chrétienté.
Pendant près de 40 ans, deux papes rivaux se disputent la légitimité du trône de Saint-Pierre :
- Clément VII (1378-1394) : reconnu par la France, la Castille, l’Aragon, l’Écosse et Naples.
- Benoît XIII (1394-1417) : successeur de Clément VII, il refuse d’abdiquer même après la résolution du schisme.
Face à cette division qui affaiblit l’Église, un troisième pape, Alexandre V, est élu en 1409 lors du concile de Pise. Mais son élection ne fait qu’ajouter à la confusion.
Finalement, le concile de Constance (1414-1418) met fin à cette crise. Après la déposition des trois papes rivaux, Martin V est élu en 1417, mettant un terme au schisme. Pourtant, Benoît XIII, réfugié dans son palais, refuse de reconnaître cette décision et reste cloîtré pendant cinq ans, jusqu’à ce que la France cesse de le soutenir en 1423. Son successeur, Clément VIII, abdique en 1429, signant la fin définitive du pouvoir papal avignonnais.
Entre la fin du Grand Schisme et le XXe siècle : De la cité pontificale à la ville de province
Après la fin du Grand Schisme d’Occident en 1417, Avignon demeure sous l’autorité du Saint-Siège, restant une enclave papale en territoire français. Cette période marque cependant un déclin progressif de son influence. Privée du prestige qu’elle avait en tant que résidence pontificale, la ville devient un simple centre administratif gouverné par des légats et vice-légats papaux, représentants du pape. Malgré cela, elle continue d’être un carrefour commercial prospère grâce à sa position stratégique sur le Rhône, facilitant les échanges entre la Provence, la vallée du Rhône et l’Italie. Son économie repose principalement sur le négoce, l’artisanat et surtout la soie, qui devient une industrie clé à partir du XVIe siècle.
Cependant, Avignon subit aussi des crises : au XVIe siècle, elle est touchée par les guerres de Religion et en 1663, une grande peste décime une partie de sa population. Le XVIIIe siècle marque une période de contestation croissante du pouvoir papal par les Avignonnais, qui réclament plus d’autonomie et des droits similaires à ceux des sujets du roi de France.
La Révolution française met un terme à la domination pontificale sur la ville : en 1791, après un référendum local, Avignon est rattachée à la France avec le Comtat Venaissin. La période napoléonienne puis la Restauration confirment cette intégration, transformant Avignon en une simple préfecture du Vaucluse. Aux XIXe et début du XXe siècles, la ville conserve un rôle régional grâce au commerce, à l’essor du chemin de fer et au développement de l’agriculture viticole dans ses environs, mais elle perd son prestige international. Il faudra attendre la création du Festival d’Avignon en 1947 pour que la ville retrouve un rayonnement culturel et une influence à l’échelle mondiale.
La Création du Festival d’Avignon : Une Renaissance Culturelle Portée par Jean Vilar et Yvonne Zervos
Le Contexte : Une Ville en Quête de Renouveau
Au début du XXe siècle, Avignon était une ville de province marquée par le déclin économique dû à la disparition de l’industrie de la soie et à la perte de son rôle stratégique. Bien que le Palais des Papes et le Pont Saint-Bénézet attirent déjà des visiteurs, la ville n’a pas encore le rayonnement culturel international qu’on lui connaît aujourd’hui.
L’entre-deux-guerres et l’occupation allemande durant la Seconde Guerre mondiale ont accentué cette mise en retrait d’Avignon sur la scène nationale. C’est dans ce contexte que va émerger une initiative qui changera à jamais le destin de la ville : la création du Festival d’Avignon, en 1947.
Yvonne Zervos : Une Figure Clé dans la Naissance du Festival
Si le Festival d’Avignon est souvent associé au metteur en scène Jean Vilar, il doit également son existence à une femme influente du milieu culturel français : Yvonne Zervos.
Yvonne Zervos (1905-1970) était une mécène, critique d’art et galeriste, mariée au célèbre éditeur et historien d’art Christian Zervos, fondateur de la revue Cahiers d’Art. Passionnée par l’art et la modernité, elle possédait avec son mari une maison à Avignon, au sein de laquelle elle accueillait de nombreux artistes et intellectuels.
Dans les années 1940, elle découvre le travail de Jean Vilar, un jeune metteur en scène engagé dans le théâtre populaire. Elle est séduite par sa vision : rendre le théâtre accessible au plus grand nombre, loin des élites parisiennes. Yvonne Zervos, avec son réseau et son influence, va jouer un rôle déterminant dans la naissance du festival.
La Rencontre avec Jean Vilar et la Naissance du Festival
En 1947, Jean Vilar est un metteur en scène encore peu connu, mais il partage avec Yvonne Zervos une ambition commune : faire du théâtre un événement vivant et populaire, en rupture avec les institutions théâtrales classiques.
C’est dans ce contexte qu’Yvonne Zervos lui propose d’organiser un festival de théâtre à Avignon. Son idée est d’exploiter le cadre exceptionnel du Palais des Papes, un monument chargé d’histoire, pour en faire une scène en plein air où pourraient se jouer des pièces d’une ampleur inédite.
Jean Vilar accepte le défi et, en septembre 1947, il présente trois pièces dans la cour d’honneur du Palais des Papes :
- Richard II de Shakespeare,
- La Tragédie du roi Richard II, mise en scène par lui-même,
- L’Histoire de Tobie et de Sara, de Paul Claudel.
Le succès est immédiat. Le public, composé à la fois d’Avignonnais, de Parisiens et de curieux, est conquis par cette nouvelle façon de faire du théâtre, en plein air, dans un cadre majestueux. Le Festival d’Avignon est né
Le Festival d’Avignon : Une Révolution Culturelle
Grâce à Jean Vilar et au soutien d’Yvonne Zervos, le festival prend rapidement de l’ampleur. Dès les premières éditions, il se distingue par plusieurs aspects novateurs :
- Un théâtre populaire : Contrairement au théâtre bourgeois parisien, le Festival d’Avignon propose un théâtre accessible à tous, ancré dans les valeurs de partage et de transmission.
- Un espace de création inédit : Le Palais des Papes devient une scène mythique, où les metteurs en scène peuvent expérimenter des mises en scène spectaculaires.
- Un dialogue entre théâtre et arts plastiques : Grâce aux contacts d’Yvonne Zervos dans le monde de l’art, le festival intègre progressivement d’autres disciplines artistiques comme la peinture et la sculpture.
L’engagement de Jean Vilar envers un théâtre populaire est récompensé par un succès grandissant. Il restera à la tête du Festival jusqu’à 1971, contribuant à faire d’Avignon une capitale culturelle mondiale.
L’Influence Durable d’Yvonne Zervos
Si Jean Vilar est devenu la figure emblématique du Festival d’Avignon, Yvonne Zervos a joué un rôle clé dans sa naissance. Son soutien logistique et financier, mais surtout sa vision audacieuse, ont permis de transformer un simple projet théâtral en un événement majeur du XXe siècle.
Son engagement pour l’art ne s’est pas limité au théâtre : tout au long de sa vie, elle a soutenu des artistes modernes, favorisant le dialogue entre les arts plastiques et le spectacle vivant. Aujourd’hui encore, son influence résonne dans l’esprit du Festival d’Avignon, qui continue d’être un lieu de rencontres artistiques et d’expérimentations.
Découvrez Avignon sous un Nouvel Éclat avec les Circuits Nocturnes des Noctambules d’Avignon
Plongez au cœur de l’histoire fascinante d’Avignon en explorant la ville à la tombée de la nuit. Les Noctambules d’Avignon vous proposent des circuits nocturnes uniques qui révèlent les secrets et le patrimoine de la cité des Papes sous une lumière différente. Laissez-vous envoûter par les illuminations des monuments emblématiques et l’atmosphère paisible des ruelles médiévales.
Nos Circuits Nocturnes Incontournables :
1. La Noctambule du Pape : Sur les Traces des Souverains Pontifes Ce circuit est centré sur la période papale d’Avignon et les transformations majeures qu’elle a engendrées. Vous découvrirez comment la présence des papes au XIVᵉ siècle a façonné l’architecture et l’identité de la ville Le parcours inclut des sites emblématiques tels que le Palais des Papes et le célèbre Pont d’Avignon.
2. La Noctambule entre Chrétiens et Bourgeois : Héritages Croisés
En explorant les ruelles de la vieille ville, ce circuit met en lumière l’influence des communautés chrétiennes et bourgeoises sur le développement d’Avignon depuis le XIVᵉ siècle. Vous découvrirez des édifices laissés par les cardinaux ainsi que des hôtels particuliers, témoins de l’essor de la bourgeoise. Le parcours inclut également l’ancienne Chapelle des Pénitents Noirs, reflet de la riche histoire religieuse de la ville.
3. La Noctambule entre Passé et Présent : Voyage à Travers le Temps
Ce circuit offre une perspective unique sur l’évolution d’Avignon, en mettant en relation les vestiges du passé avec le dynamisme du présent. Vous explorerez des sites allant de l’époque romaine à la forteresse pontificale classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, tout en observant comment ces héritages s’intègrent dans la vie contemporaine de la ville.
Pourquoi Choisir les Noctambules d’Avignon ?
- Expérience Authentique : Nos circuits sont conçus pour offrir une immersion profonde dans l’histoire et la culture avignonnaise.
- Guides Passionnés : Nos guides locaux partagent anecdotes et secrets pour une visite enrichissante.
- Ambiance Unique : La nuit confère une atmosphère magique aux découvertes, loin de l’agitation diurne.
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