Quand un néophyte arrive pour la première fois au festival d’Avignon, il est perdu avec cette offre immense (1666 pièces cette année). Dans cette immense vague d’art et de spectacles, il existe des rocs sur lesquels il est possible de s’accrocher. Le théâtre de l’Oriflamme en est un exemple. Leur programmation est variée mais toujours d’une immense qualité. C’est le cas pour filles d’Ariane.
Filles d’Ariane : résumé
Quand Fleur vient amener un courrier à Leandro, elle veut en savoir plus sur son passé, sur sa mère. Elle va réussir à faire parler Leandro et ne s’imaginait pas ce qu’elle allait découvrir. Sa naissance à lier les destins de 5 personnes très différentes mais toutes, importantes dans cette histoire.
6 personnages, 5 comédiens
Ce n’est pas la première pièce qui voit des comédiens jouer plusieurs rôles en même temps. Des fois, il est facile de s’y perdre. Dans filles d’Ariane, ce n’est pas le cas. On le doit à l’incroyable jeu d’acteurs de Valentine Daruty et de Thomas de Fouchecour. Ces deux comédiens apportent à cette pièce des choses totalement différentes mais indispensable pour la réussite de la pièce. Valentine Daruty apporte la grâce et la légèreté quand Thomas de Fouchecour apporte un côté sombre, et énigmatique. La gestuelle est travaillée avec minutie et à aucun moment on perd le fil. Ça peut paraître anecdotique mais quand Thomas joue le personnage de Joseph et qui tient le col de sa veste frénétiquement, cela nous permet de voir et de comprendre le personnage joué. Ce qui est déroutant c’est la facilité avec laquelle chaque comédien change de personnage. Valentine Daruty est éblouissante quand elle se met à danser.
Une écriture remarquable et une mise en scène d’une intelligence fine
Martin Kindermans a voulu avec texte mettre la lumière sur des sujets qu’on aborde peu au théâtre. L’échec ou la culpabilité sont des thèmes que l’auteur développe de manière fine et structurée. Il nous montre les situations mais nous laisse libre de les juger. L’écriture est vraiment très intelligente car même si les sujets sont lourds, Martin Kindermans ne tombe jamais dans la facilité du pathos ou de l’apitoiement.
Pour mettre en scène ce texte extraordinaire, il fallait une mise en scène parfaite. Là encore, Martin Kindermans excelle dans l’exercice. Déjà dans le nombre de petits détails qui sont super bien imaginés. Un simple panneau permet d’afficher les noms des différents personnages. Les lumières nous permettent de suivre les personnages qui sont sur le plateau. Mais c’est aussi l’occasion d’organiser une chorégraphie entre les comédiens. La mise en scène offre un écrin à ce texte si remarquable. C’est vraiment un bonheur de pouvoir assister à la rencontre des talents de ces deux comédiens avec cet auteur/metteur en scène.
L’amitié, notre pire ennemie ?
La naissance de Fleur est la résultante d’une amitié sincère entre Leandro et Arianne. Mais c’est aussi cette amitié qui va empêcher le bonheur de rentrer dans les vies des personnages. L’amitié a souvent été traitée dans le théâtre mais ici l’auteur s’est penché sur une facette qu’on aborde peu. Une amitié peut être la cause de malheurs à son corps défendant. Je ne peux pas trop en dire car je veux que vous profitiez de toutes les couches de réflexions de l’auteur qui se dévoilent au fur et à mesure de la pièce. Mais celle-ci nous fait poser des questions. Même les plus belles intentions peuvent amener à un malheur.
Filles d’Ariane : Fiche technique
N’hésitez pas une seule seconde à aller voir ce bijou tous les jours à l’Oriflamme à 14h30 sauf le lundi.