Le pont Saint Bénézet, plus célèbre sous l’appellation pont d’Avignon est le symbole de la ville. Il est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1995 et attire chaque année des milliers de visiteurs.
Pourquoi ce pont est si important dans la culture française et dans l’imaginaire ? Est-il coupé, pas fini, cassé ou détruit ? Nous vous invitons à un voyage à travers les siècles et au cours de l’eau à la découverte du pont de la cité des Papes.
Avant propos : le Rhône, le fleuve source de tout
Depuis l’Antiquité, il est une voie d’échange et de commerce. Les différents habitants de la région du Rhône se sont déplacés sur lui depuis l’époque des Rhodaniens et des Phéniciens. Hannibal le traversa avec son armée en 218 avant J-C. Depuis l’époque romaine c’est une voie commerciale importante et de nombreuses villes se sont développées aux croisements des voies commerciales terrestres avec le Rhône. C’est le cas d’Arles, Avignon, Vienne, Lyon.
Durant l’époque préchrétienne, le Rhône était considéré comme une divinité colérique. Ses colères étaient légendaires et de nombreux sacrifices ont été faits pour l’apaiser. L’implantation de la ville sur une protubérance rocheuse n’est pas due au hasard. C’était pour se protéger des crus très fréquents. Certaines de celles-ci sont restées célèbres comme en 1856 quand le Rhône détruisit une partie des remparts de la porte Saint Roch à la porte Saint Dominique. L’eau monta jusqu’au parvis de la collégiale Saint Agricole.
Même si le Rhône commença à être dominé à partir du début du XXe siècle, des crus sont encore très fréquents à Avignon. La dernière crue important du Rhône a touché Avignon en 2003.
La légende du pont d’Avignon
Tout commença quand un berger ardéchois vint à Avignon en 1177. Le petit Benoit n’a que 12 ans quand il reçut l’ordre divin d’aller construire un pont à Avignon. Le seigneur lui dit : ” Bénezet prend ta houlette, descends à Avignon, la capitale sur l’eau, parle aux habitants et fais y construire un pont.” Il partit donc de son village de Burzet.
Quand il arriva à Avignon, il se rendit sur ce qui est à l’heure actuelle, la place du palais. Il annonça la parole divine. Cette nouvelle fut reçue par les habitants avec des moqueries et des railleries. Le prélat demanda donc à Bénezet (Benoit en Provençale) de prendre un rocher et de le jeter dans la rivière. Au moment de s’approcher du rocher, deux anges vont apparaître et vont l’aider à le jeter dans le Rhône. Ce fut la première pierre de l’édifice.
Cette légende se répand à partir du XIIe siècle. L’histoire de Bénezet est tout autre. Il aurait fondé une œuvre charitable pour construire, entretenir le pont et aussi aider les voyageurs. Les frères de cette institution sont des laïcs. Il mourra en 1184 avant de voir le pont achevé. Il est appelé Saint, alors qu’aucun procès en béatification ne s’est ouvert. La chapelle basse du deuxième pilier renfermaient ses reliques avant leur transfèrent en 1674 à l’église de la place des Corps Saints.
La construction du pont d’Avignon
Le pont Saint Bénezet aurait été, selon les historiens, en travaux permanents entre le XIIe et le XVIe siècle. Il est vraisemblable que le pont fut un mélange de parties maçonnées et de parties en bois. Sa construction débuta en 1177 et se serait achevée en 1185 (selon la légende) ou 1293 (selon les historiens).
Durant cette période, l’édification du pont se faisait en été lorsque le niveau des eaux était le plus bas. Les ouvriers (une centaine) construisaient un à deux piliers du pont par an.
Techniques de construction :
Pour la construction des piliers, il y a trois cas de figure bien distincts en fonction du terrain.
Première situation : en déblayant un lit de galets, les ouvriers tombaient sur un sol sec. Ils disposent donc la semelle de bois. Elle servait de plate-forme stable et isolante sur laquelle était construit le pilier.
Seconde situation : après déblaiement des galets, on pouvait tomber sur un sol humide. Il fallait donc créer un coffrage, appelé batardeau. La double paroi du batardeau est rendue étanche par une agglomération de terre et de fumier. On vidange ensuite l’eau à l’aide de pompes ou de sceaux. Une fois le sol sec, les ouvriers plantaient des pieux en bois à l’aide d’un engin appelé mouton. La semelle reposait sur ces pieux.
Troisième situation : c’est la situation la plus délicate. En effet, c’est celle qui consiste à créer un pilier dans l’eau. On utilisait encore un batardeau mais celui-ci était plus profond. Il y a une autre difficulté, c’est que tout le travail se faisait depuis des barques soumissent au courant de la rivière. Le pompage était aussi plus lent. Une fois que l’on atteignait le sol, on replantait des pieux en bois pour pouvoir poser la semelle.
Quand deux piliers étaient construits, on plaçait un coffrage en bois sur lequel on posait les pierres qui allaient former les arches.
Pourquoi le pont n’a-t-il pas résisté au temps et s’est détruit ?
Des recherches récentes ont réussi à répondre à cette question.
Il y a plusieurs facteurs :
Facteur climatique : au milieu du XIIe siècle, commença le petit âge de glace. Un phénomène climatique qui refroidit l’Europe. À l’arrivée du printemps, la fonte des glaces entraîna d’importantes inondations. Le poids des eaux fragilisa les piliers du pont. De plus, les changements du niveau de la rivière provoquent une grave érosion. Celle-ci fera tourner les piliers sur eux-mêmes.
Facteur géologique : contrairement au pont de Pont Saint-Esprit qui est posé sur de la roche, celui d’Avignon est posé sur un sol limoneux et sur un lit de galets. Cette différence rendra le pont d’Avignon plus vulnérable aux attaques du fleuve.
Facteur économique : pour entretenir le pont, il fut créé une organisation à moitié laïque et à moitié religieuse. Celle-ci avait en charge aussi l’entretien des hôpitaux. Au milieu du XIIIe siècle, cette organisation se scinda en deux. Les religieux se regroupèrent dans la confrérie qui géra les hôpitaux. Les laïcs avaient la charge de l’entretien du pont. Privés du financement par la charité, ils ne purent entretenir le pont convenablement.
La célèbre chanson et la danse
Cette chanson a rendu le pont célèbre dans le monde entier. Elle apparaît dès le XVe siècle. La version que nous connaissons vient de l’opérette “le sourd ou l’auberge pleine” de Adolphe Adam en 1853. Cette comptine raconte ce qui se passait le week-end sur l’île de la Barthelasse. À cette époque, il y avait des guinguettes installées et les Avignonnais s’y pressaient pour pique-niquer et danser. On dansait donc sous le pont et pas dessus. Cette chanson sert à l’apprentissage du français dans beaucoup de pays dans le monde.
Parole de la chanson :
Sur le pont d’Avignon, on y danse, on y danse, Sur le pont d’Avignon, On y danse tous en rond.
Les belles dames font comme ça, Et puis encore comme ça.
Sur le pont d’Avignon, on y danse, on y danse, Sur le pont d’Avignon, On y danse tous en rond.
Les beaux messieurs font comme ça, Et puis encore comme ça.
Sur le pont d’Avignon, on y danse, on y danse, Sur le pont d’Avignon, On y danse tous en rond.
Les militaires font comme ça, Et puis encore comme ça.
Sur le pont d’Avignon, on y danse, on y danse, Sur le pont d’Avignon, On y danse tous en rond.
Les musiciens font comme ça. Et puis encore comme ça.
Sur le pont d’Avignon, on y danse, on y danse, Sur le pont d’Avignon, On y danse tous en rond.
Le pont d’Avignon aujourd’hui
Classé depuis 1995 avec le palais des Papes, au patrimoine mondial de l’UNESCO, le pont est aujourd’hui un des emblèmes d’Avignon. Il est un des monuments incontournables de la ville. Il existe un billet d’entrée couplé avec le palais des Papes. C’est la meilleure solution pour découvrir ces joyaux médiévaux.
De plus, les abords du Rhône sont accessibles aux marcheurs et aux vélos. Vous pouvez profiter d’une jolie carte postale tout en vous baladant.
Le pont d’Avignon et les Noctambules
Vous avez la possibilité de découvrir le pont d’Avignon en journée durant le circuit “Autour du Palais”. Vous pouvez aussi admirer ce célèbre pont de nuit durant la Noctambule du Pape.
Visite du pont d’Avignon
Vous pouvez visiter le pont Saint Benezet tous les jours.
Du 1 mars au 5 novembre, il est ouvert de 9h à 19h
Le reste de l’année, le pont d’Avignon est ouvert de 10 à 17h (18h durant les vacances scolaires).
Le prix du billet seul est de 5 euros mais vous pouvez acheter un billet combiné avec le Palais des Papes et les jardins à 17 euros.