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Cette année, le festival d’Avignon va nous réserver de nombreuses surprises. Les dates étant inédites, il est difficile de prévoir ce qui va se passer. Ce que je peux déjà dire c’est que ce festival sera riche en talent à l’image des enfants du diable.

Les enfants du diable : résumé

Quand une femme retourne dans son pays, 20 ans plus tard, pour revoir sa sœur qui est déjà décédée, elle se retrouve face à un frère qui n’est pas disposé à fonder une famille. Il faut parler du passé qui ne fait plaisir à personne afin de retrouver l’amour des années d’enfance.

La petite histoire qui embrasse la grande

Veronica et Niki sont nés et ont grandi dans la barbarie d’un dictateur fou dans les années 80. Elle a pu partir, adoptée par un couple de Français alors que lui est resté. Il est resté pour honorer la promesse qu’il a fait à sa mère. Celle de ne pas abandonner Mirela, son autre sœur autiste. Cette histoire s’entrechoque avec celle des orphelinats qui entassaient les enfants différents comme des bêtes. Cette folie voulut par un homme, Ceaucescu.

À travers cette pièce, Clémence Baron nous invite à nous souvenir de l’histoire de la Roumanie à travers les relations d’un frère et d’une sœur. Cette histoire que l’on oublie par facilité ou ignorance, continue à régir la vie de millions de gens dont cette fratrie. La finesse de l’écriture évite de tomber dans le misérabilisme ou dans la morale facile. Mais le texte nous force à regarder une réalité qui explique peut-être ce qui se passe à l’heure actuelle.

Des sujets forts peu abordés au théâtre

Quand on connaît les talents d’écriture de Clémence Baron, on ne peut pas être surpris qu’elle est choisie d’aborder des thèmes que le théâtre n’aborde pas. Dans Accusé, elle n’a pas eu peur de parler du viol et de la violence de la justice envers les victimes. Dans Authentique, elle parlait ouvertement du handicap à travers la trisomie de ses frères. “Les enfants du diable” ne fait pas exception. Avec un grand courage, elle va aborder des sujets comme le complexe du survivant, la peur de la maternité, les traumatismes de l’enfance. Et tout cela avec brio et toujours une touche d’humour qui nous permet de rester attentifs. Clémence Baron a des choses à dire et sait très bien les dire.

Un duo en symbiose

Les deux comédiens, Clémence Baron et Antoine Cafaro ont individuellement beaucoup de talents. Mais dans les enfants du diable, leur interprétation va au-delà du talent. Ils créent ensemble une symbiose qui élève le magnifique texte à un niveau supérieur. Antoine Cafaro par son jeu minimaliste et puissant, nous transmet toute la dureté de l’enfance de son personnage. Quand on s’y attend le moins, il est capable d’une gentillesse extrême. Il nous fait passer par un panel d’émotions sans que cela paraisse difficile pour lui. Clémence Baron a une présence scénique solaire. Mais son jeu d’une grande générosité permet de rendre accessible des sujets complexes.

Il faut aussi signaler que la mise en scène est sobre et discrète mais permet un embellissement général de la pièce. Patrick Zard nous offre une mise en scène intimiste et nous permet de rentrer dans l’intimité de ce frère et de cette sœur. Il n’en fait jamais trop ou pas assez. Il dose avec la dextérité d’un chirurgien cette mise en scène. C’est la touche finale pour faire des enfants du diable un des chefs-d’œuvre de ce festival.

Les enfants du diable : fiche technique

Je pense que vous devriez courir voir ce spectacle avant qu’il n’affiche complet. Rendez-vous tous les jours du 2 au 21 juillet à 11h30 au théâtre de l’oriflamme. Je ne peux que vous conseiller de réserver, cette pièce va être un succès critique et public.

 

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