Le festival d’Avignon est le lieu de tous les possibles. En sortant du village Off, un tracteur m’arrête pour me parler de son spectacle. Je lui dis que je suis débordé jusqu’à la fin du festival. Peu de temps après, la pièce que je devais voir est annulée. Du coup j’ai pu aller voir Tom à la ferme ce soir.
Tom à la ferme : résumé
Tom se retrouve à la campagne dans la ferme de son conjoint. Il vient participer aux funérailles de celui-ci. Mais personne ne connaît la nature de sa relation avec le défunt. Tom fait la connaissance de la mère de ce dernier. Contraint par le frère, il va rentrer dans une spirale ou il va se perdre petit à petit.
Un jeu de dupe
Les 3 personnages principaux ont tous un but dans ce deuil. La mère veut croire que son fils était une personne bien et s’accroche à la seule personne qui peut le confirmer. Le frère veut rendre heureuse sa mère sans vraiment savoir ce qu’est le bonheur. Enfin, Tom veut se rapprocher de son conjoint à travers son passé. De ces buts divergents va se créer un jeu de dupe où chacun va mentir. Et en premier lieu, à soi-même. Le texte de Michel Marc Bouchard est extrêmement puissant. Il est à lui seul une partie importante de la réussite de cette pièce. Mais ce n’est pas la seule.
Une mise en scène dans la retenue
Vincent Marbeau s’est emparé du texte et l’a sublimé avec une mise en scène dans la retenue. Un metteur en scène pourrait être complexé face à un texte si puissant. Il pourrait avoir envie de multiplier les effets scéniques ou de lumières. Ce n’est pas le cas de Vincent Marbeau. Il propose une mise en scène simple mais percutante. Pas de jeu de lumière excessif. Tout en créant des tableaux d’un esthétisme léché. Il n’y a aucun excès. La sensualité est très bien dosée sans devenir vulgaire, la violence est présente sans être rédhibitoire. Une vraie réussite.
Des comédiens impressionnants
Pour qu’une pièce passe d’objet théâtral à œuvre d’art, il faut que les comédiens soient exceptionnels.
Antoine Boizeau interprète à merveille ce frère qui oscille entre violence, besoin d’amour et besoin d’être aimé. Il est capable de passer d’une émotion à l’autre avec une intensité rare.
Vincent Marbeau interprète un Tom timide et perdu. La justesse de son jeu est incroyable. On arrive à lire dans ses yeux la détresse du personnage.
Lydie Rigaud donne à la mère une dimension unique. Une fois qu’elle est sur scène, elle attire tous les regards en donnant à son personnage toutes les caractéristiques de la mère en deuil. Elle est folle, lucide, triste, heureuse. Elle est tout ça à la fois sans jamais nous perdre.
Tom à la ferme : fiche technique
Pour voir cette petite pépite vous devez vous rendre tous les jours à 19h15 à la salle Tomasi de la Factory sauf les lundis.
