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jIl y a des spectacles qui devraient être déclarés d’intérêt public. C’est le cas de Jean Zay, l’homme complet. Rencontre avec le comédien Xavier Veja.

Les Noctambules d’Avignon : présentez-vous

Xavier Veja : Je suis Xavier Veja, je suis comédien, j’ai fait de la mise en scène, je suis aussi adaptateur sur Jean Zay, l’homme complet et même sur mon premier spectacle qui était il y a très longtemps, c’est moi qui avais fait l’adaptation des lettres portugaises. Je suis directeur artistique de la compagnie Tête en fusion. Ça fait beaucoup de casquettes mais j’essaye de tenir tout. Sur Jean Zay l’homme complet je suis à la fois l’interprète et l’adaptateur du journal de captivité de Jean Zay.

LNA : Avant de parler de la pièce, on va parler un peu plus généralement, quel est votre rapport avec le festival d’Avignon

XV : Ah ben c’est un rapport qui date d’il y a longtemps parce que j’ai passé toute mon adolescence à Aix-en-Provence et comme je voulais faire du théâtre depuis longtemps, je suis venu très souvent. À l’époque je n’allais pas tellement au festival off, j’allais au festival in, soit avec mes parents, soit tout seul quand j’ai commencé à avoir une voiture. J’allais beaucoup à la cour d’honneur quasiment tous les ans.

Pour moi le festival a commencé comme ça et puis quand j’ai eu vingt-deux ans j’ai commencé à jouer au festival off. J’adore l’ambiance, je trouve ça super. Je crois qu’il y a vraiment une liberté qui s’exprime là, qui est super et j’aime beaucoup aussi le fait qu’il y ait des spectateurs, parce que je tracte aussi pour mon spectacle et je trouve que c’est très intéressant de voir qu’il y a des spectateurs qui viennent se gaver de théâtre qui sont vraiment des aficionados du théâtre.

LNA : Comment s’est passé le festival l’an dernier ?

XV : on a commencé petitement enfin petitement disons ce n’était pas plein et puis très vite ça a été plein. C’était super, c’était vraiment super. C’est la raison pour laquelle je suis revenu quasiment à la même heure 11h30 et au même endroit à l’Episcene qui m’accueille très bien qui accueille tous les artistes de façon super.

LNA : comment ça s’est passé l’après festival ?

XV : Alors après festival on est allé jouer un peu à droite à gauche. Alors il y a eu pas mal de choses diverses et variées. On a joué à Lyon ainsi qu’à l’Institut de France à l’invitation de l’Académie des sciences. Il y a eu un vrai hommage à Jean Zay puisque cette année on commémore le quatre-vingtième anniversaire de l’assassinat de Jean Zay et donc en ouverture il y avait mon spectacle et ensuite il y avait tout un colloque avec des personnalités, des historiens, la fille de Jean Zay, etc. Après on est allé jouer à Montpellier, on est allé jouer où ça un peu à Orléans. On a fait une jolie petite tournée.

LNA : quelle est la genèse de cette pièce ?

XV : En fait, j’ai une amie comédienne qui venait de lire le journal de captivité qui s’appelle Souvenirs et solitude. Elle me remet le livre dans mes mains et déclare : “C’est à toi de t’en occuper si quelqu’un doit le faire”. J’avais une vague connaissance de Jean Zay. Je suis né à Orléans comme lui et ma grande sœur allait au lycée Jean Zay.

Quand je commence à lire la préface je me dis que cela présente une personnalité incroyable. Je dis mon Dieu qui est ce monsieur parce que vraiment c’est super intéressant. La fin de la préface je m’aperçois qu’elle est signée par quelqu’un que je connais qui était un ami de mes parents Antoine Praud qui est un grand historien qui a participé à pas mal de missions ministérielles interministérielles sous Rocard et ensuite sous Jospin ou sous Hollande. Je me dis quelle coïncidence et puis je commence à lire le livre et là je tombe en admiration devant cet homme à la fois pour ce qu’il a fait et pour ce qu’il est.

LNA : Selon vous pourquoi on connaît si peu Jean Zay ?

XV : C’est la réaction qu’ont beaucoup de spectateurs à sortir du spectacle. Ils disent c’est vraiment actuel, on a tellement besoin d’un personnel politique. Jean Zay a été victime une deuxième fois de l’histoire. La raison principale qui est que non seulement les miliciens quand ils l’ont sorti de la prison l’ont assassiné dans une faille qui s’appelle le puits du diable mais ils ont dynamité cet endroit pour qu’on ne retrouve pas son corps. C’était une volonté d’élimination absolue d’un homme qui était tout ce que Vichy détestait, juif par son père, franc-maçon, protestant par sa mère, grand ministre de l’éducation nationale, ministre emblématique du Front populaire et du gouvernement Léon Blum, il était l’homme à abattre.

Donc il a été retrouvé quatre ans après son assassinat, quatre ans c’est long à l’époque et quatre ans après, c’est la concorde nationale voulue par de Gaulle et donc il n’a pas été remis en lumière alors il a eu des amis notamment Léon Blum d’ailleurs qui a rendu un hommage posthume, Mendès France qui était son grand ami qui a aussi rendu un hommage à Jean Zay après on a fait des collèges Jean Zay mais on ne lui a pas rendu justice véritablement et on ne sait pas qu’il y a beaucoup de choses qu’on doit à ce monsieur.

LNA : Est-ce que le spectacle est plus politique cette année ?

XV : J’ai abordé le spectacle cette année comme l’année dernière sans me soucier des événements politiques. En revanche, ce qui change, c’est l’impression des spectateurs. Ça, effectivement, il recolle tout de suite à l’actualité. C’est comme une bouée de sauvetage un petit peu. À la fin du spectacle les gens viennent me dire que ça leur a fait du bien de voir un homme intègre qui avait des ambitions pour la France et pas d’ambition personnelle. Le spectacle devient vraiment beaucoup plus fort cette année en effet.

LNA : que peut-on vous souhaiter pour cette année ?

XV : Ecoutez que ce soit complet comme les jours précédents et ce spectacle soit encore là à participer à la mémoire et à la réhabilitation de Jean Zay

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